
GRAINE DE FAVELA
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![]() Carte de Rio de JaneiroLes zones rouges représentent les favelas. |
Le terme de « favelas » est actuellement utilisé pour désigner les bidonvilles du Brésil ; lieu où s'entasse la population défavorisée dans des taudit faits de matériaux récupérés et bâtis illégalement les uns sur les autres. Cependant, ce mot eu premièrement des origines militaires. Lors de la guerre des Canudos, à la fin du XIXe siècle, les soldats brésiliens établissent leur base sur la colline Morro de la favelas, nommée ainsi du fait de la présence d'une plante, appelée : la Favelas. A la fin de cette guerre les anciens combattants s'installent définitivement sur le flan de cette colline surplombant Rio de Janeiro, et baptisent leur quartier du nom de leur ex-campement afin de rendre hommage à leurs événements guerriers .
Dés le début du XXe siècle, sous la pression des États européens et des États-Unis, le Brésil est contraint de s'ouvrir à la concurrence mondiale, et se spécialise alors dans la production de denrées coloniales (café, coton...). Ces échanges internationaux, engendrent le développement de grands ports brésiliens tel que celui de Rio de Janeiro, provoquant alors l'attirance de la main d’œuvre rurale . Les autorités locales, n'ayant su prévoir l'importance de cet exode rural, laissent se développer autour du quartier Favelas, des habitats ouvriers informels.
Ainsi sont nées les favelas.
Le dégoût suscité par les favelas aujourd'hui n'est pas inhérent aux quartiers eux mêmes.
Jusqu'au milieu du XXe siècle, les favelas de Rio suscitent même une certaine admiration des élites européennes . Parmi elles, l’écrivain autrichien Stefan Zweig, exilé au Brésil de la montée du nazisme jusqu'à sa mort en 1943, nous fait part d'un quartier charmant et pittoresque. En effet, à l'époque, les Favelas sont assimilées au folklore brésilien, au Carnaval et à une certaine vie de quartier.
Le retournement de cette situation se produit à la suite de la seconde guerre mondiale. Dans un contexte d'accélération des échanges mondiaux et sur impulsion du régime autoritaire de l’époque, le Brésil s’industrialise.
La productivité agricole augmente, libérant alors de la main d’œuvre rurale, qui décide de s'exporter vers la ville. Mais à Rio, faute de logements, les ruraux sont contraints de s'installer en masse dans les favelas existantes, provoquant par la suite, l'expansion de ces dernières .
En 1962, des statistiques font état d'une population comprise entre 300 000 et 1 million de favelados. En 1980 le Brésil vit la fin de la dictature économique et connait une crise économique engendrée par la dette extérieure. Les familles ne peuvent que s'établir dans les favelas où il n'y a plus de plan d'occupation des sols et où on peut se raccorder illégalement au réseau d'eau et d'électricité. Les favelas de rio se développent alors au rythme de la dette.
Les favelas sont accusées de dénaturer l'image de Rio de Janeiro.
Premièrement, de part leur isolement, les favelas sont situées sur des pentes inaccessibles par les transports en commun.
Deuxièmement, par leur situation d’extrême pauvreté, les favelados occupent des emplois dévalorisants et peu rémunérés.
Combiné au mépris des autorités brésiliennes à leur égard, des activités liées à l'économie souterraine (trafics de drogue, prostitution, constitution de gangs, etc... ) se développent.
Le développement de ces activités informelles et illégales, est accentué par la politique discriminatoire et stigmatisante menée par l’État à l'encontre des favelas .
Durant ces dernières années le développement urbain de Rio semble se stabiliser et est en voie d’être maîtrisé. Mais les favelas restent toujours, dans l’imaginaire collectif brésilien, des quartiers de non-droit , inaccessibles, où règne toujours une grande pauvreté. De même, malgré les efforts effectués par la municipalité, les favelas sont encore mal intégrées dans le tissus urbain de Rio, puisqu'elles restent mal raccordées aux réseaux d'assainissement, d'eau courante et d'électricité. Elles subissent aussi un déficit dans la desserte des transports en commun de la ville. De plus les favelas manquent d’équipements urbains de proximité (commerces, administrations...)
Aujourd'hui, force est de constater que les plus de 800 favelas entourant Rio de Janeiro, ont construit seules leur propre identité, quitte à s'affronter par des gangs interposés. Mais les favelados ont également construit leur propre culture...Une réelle régénération et réintégration des favelas est possible, à condition de prendre en compte ces traits culturels fédérateurs. Ce processus, à long terme, nécessite une forte volonté politique et un effort pédagogique important.